Mort de l'Abbé Pierre : "hommage national" vendredi...Edition spécial...

Publié le par romano_33


Jacques Chirac a décidé d'honorer la mémoire du religieux le jour de ses funérailles, qui auront lieu à 11h à Notre-Dame de Paris.

La dépouille du religieux sera visible dès mercredi à la chapelle du Val-de-Grâce.

Ce sera un "hommage national". Jacques Chirac a décidé lundi de dédier une journée à la mémoire du religieux. Ce sera vendredi, le jour des funérailles de l'Abbé Pierre qui auront lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris à 11h. Outre le chef de l'Etat, une partie du gouvernement devrait être présent dans l'église. Mais contrairement à la tradition, et à la demande de la famille, les drapeaux ne seront pas mis en berne.

Un rassemblement sera aussi organisé jeudi soir au Palais Omnisports de Bercy à Paris, qui peut contenir jusqu'à 17.000 personnes assises, "permettant l'expression de témoignages et d'hommages de compagnons, de personnes engagées dans le mouvement, de personnalités, tout au long de la nuit si nécessaire", a indiqué Emmaüs dans un communiqué.

L'inhumation de l'Abbé Pierre aura quant à elle lieu en Seine-Maritime. Les obsèques "se dérouleront en fin de semaine dans la plus stricte intimité dans le cimetière de la communauté d'Esteville", avait précisé en fin de matinée Martin Hirsch, le président d'Emmaüs France. L'Abbé Pierre a vécu plusieurs années dans la communauté d'Esteville près de Rouen et son cimetière abrite déjà les dépouilles du premier compagnon d'Emmaüs et de sa première secrétaire, a expliqué Martin Hirsch.

"Moments de paix et de simplicité"

Dans l'attente, le cercueil du défunt sera "exposé dans la chapelle du Val-de-Grâce, sans doute à partir de mercredi, et les gens qui le souhaitent pourront venir (lui) rendre hommage", a ajouté le président d'Emmaüs France lors d'une conférence de presse. Jusqu'à mardi, les visites au Val de Grâce sont cependant strictement réservées à ses proches.

L'ensemble du mouvement Emmaüs ne fera pas d'appel aux dons : "Nous souhaitons d'autres formes de témoignages", a fait valoir Martin Hirsch. Des cahiers seront ouverts dans l'ensemble des associations du mouvement pour recueillir mots et signatures. Laurent Desmard, secrétaire personnel de l'Abbé Pierre, qui travaillait avec lui depuis 15 ans, et qui était présent lors de son agonie, a raconté ses derniers instants : "L'Abbé est mort serein. On l'a accompagné tranquillement vers la mort". "Il n'y a pas eu de paroles de l'Abbé mais des gestes, l'Abbé me prenait la main quand on récitait une prière", a-t-il témoigné.  Ses derniers moments ont été des "moments de paix et  de simplicité", a confié le président d'Emmaüs.


L'Abbé Pierre a laissé un testament très précis

Selon son biographe Bernard Violet, l'Abbé Pierre a prévu dans ses dernières volontés la protection légale du nom "Abbé Pierre" et l'organisation de ses funérailles. Interrogé par Europe 1, Bernard Violet a relaté que le religieux lui avait confié son testament, "un document de 114 pages, qu'il avait commencé à rédiger autour de 19 ans et dont il fera plusieurs moutures". Le testament définitif date de 1997. Selon Bernard Violet, l'Abbé Pierre demande à ses légataires de récupérer ses "différents objets personnels", comme "des comptes courants dont la gestion sera désormais confiée à des successeurs". Ce testament prévoit également la protection légale du nom "Abbé Pierre" qui a été déposé et de faire remettre au musée des sapeurs-pompiers de Paris "sa légendaire pèlerine noire qu'un colonel de pompiers lui avait donné lors de la fameuse insurrection de la pauvreté de février 1954". Enfin, selon Bernard Violet, l'Abbé Pierre a prévu l'organisation des chants qui devront être interprétés durant ses funérailles : chant grégorien en latin, un Magnificat en français et sur le chemin du cimetière d'Esteville le chant des adieux, Ce n'est qu'un au-revoir, un choral dont les paroles ont été composées par le père Jacques Sevin, fondateur du scoutisme français, sur une musique traditionnelle écossaise.


L'abbé Pierre, l'icône de la charité

"Je voulais être missionnaire, marin ou brigand" confessait l'abbé Pierre en 2002 dans son autobiographie. Le destin amena finalement le jeune Henri Grouès à devenir l'un des hommes d'Eglise les plus influents et les plus écoutés du XXe siècle. De l'objection de conscience aux conditions de logement en passant par l'insertion sociale, le petit homme à la barbichette et aux oreilles en forme de chou a laissé son empreinte sur de nombreuses lois.

Issu d'une famille très pieuse et aisée de Lyon, Henri Grouès, élevé dans le respect des valeurs chrétiennes, n'étonne personne quand il avoue ressentir dès 15 ans ce qu'il nomme lui-même "l'émotion indescriptible" de la Révélation. Il suit alors la logique du sacerdoce : l'entrée dans les ordres chez les Capucins où il devient "Frère Philippe" puis l'ordination en 1938.

Résistant

Mobilisé pendant la "Drôle de Guerre", il passe dans la clandestinité en 1942. A l'origine de la mise en place de plusieurs maquis dans le Vercors et en Chartreuse, son nom de code est "Abbé Pierre". Comme beaucoup de résistants, ce pseudo ne le quittera plus. Alors que certains hommes d'Eglise mènent des liaisons dangereuses avec les nazis, il organise de son côté le passage de juifs en Suisse via les Alpes.

A la sortie de la guerre, élu député de Nancy sous l'étiquette MRP (centre-droit), il continue et développe son combat contre les inégalités, même s'il admet avoir été "incompétent". Sa cible de prédilection : la misère, sociale ou affective. "Tant qu'il existera de la misère, aussi longtemps que régnera l'exclusion, nous ne connaîtrons ni l'âme, ni la paix, ni la joie du cœur" ne cessera-t-il de clamer pendant plus d'un demi-siècle. Il sauve ainsi un ancien bagnard du suicide en le persuadant de l'aider à aider les autres. C'est le point de départ du mouvement -laïc- des Compagnons Emmaüs qui naît en 1949 -. Son principe : rassembler des objets de récupération puis les revendre pour construire des abris provisoires pour les sans-domicile, que l'on ne nomme pas encore SDF.

"L'appel de l'hiver 54"

Cette volonté de défendre les mal-logés et les exclus devient l'obsession de l'abbé Pierre. Et finit par faire de lui un personnage d'envergure nationale. Nous sommes alors en plein hiver 1954, l'un des plus froids et les plus terribles du siècle. Le 1er février, alors que la thermomètre est descendu à moins 20°, une femme meurt de froid dans la rue, dans l'indifférence. Ulcéré, l'abbé Pierre prononce un texte à la radio qui passe à la postérité comme l"appel de l'hiver 54". "L'insurrection de la bonté" peut alors commencer. Emmaüs voit les dons en argent et en nature affluer.

Tandis qu'Emmaüs s'internationalise, son fondateur devient la figure de proue du combat contre l'exclusion. L'abbé Pierre est consulté par presque tous les ministres du Logement. Le développement de la télévision aidant, il devient malgré lui une star du petit écran. Sa voix chevrotante et ses colères émeuvent à chaque apparition. D'année en année, les sondages confirment sa place prépondérante dans le cœur des Français. Seuls des sportifs au zénith de leur gloire comme Zinedine Zidane ou David Douillet sont capables de rivaliser -il demandera lui-même à ne plus figurer dans ce palmarès.

La tache Garaudy

Même l'affaire Garaudy en 1996, la seule tache de son parcours, n'aura pas d'effet à long terme sur son aura. Pour avoir soutenu le livre négationniste de son ami communiste sans l'avoir lu, l'ancien passeur de juifs est exclu de la Licra et doit se fendre d'excuses publiques.

Malgré ses ennuis de santé, il continue ensuite de lancer des coups de gueule ou d'intervenir dans la vie politique. Un peu avant le bien triste anniversaire du cinquantenaire de son "appel", on le verra ainsi soutenir des Roms menacés d'expulsion dans un bidonville et s'opposer vivement à Nicolas Sarkozy. Début 2006, il retournera même assister à une séance de l'Assemblée nationale pour protester contre le plan Borloo et exhorter Jacques Chirac à ne pas supprimer la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbains).

"J'ai cédé au désir"

N'ayant jamais fini de surprendre, au crépuscule d'une vie bien remplie, fin 2005, il publie coup sur coup un livre puis un disque. Dans le premier, nommé, Mon Dieu... pourquoi ?, il se confie sur lui-même, notamment sur ses expériences sexuelles, admettant avoir eu des relations avec une femme avant de devenir prêtre. "Ma vocation réclamait une disponibilité totale. Cela n'enlève rien à la force du désir et il m'est arrivé d'y céder de manière passagère" confesse-t-il. A contre-pied de la position officielle de l'Eglise, il dénonce également dans l'ouvrage le célibat des prêtres et se dit favorable à l'ordination des femmes et à l'homoparentalité. Dans le second, intitulé Avant de partir, il livre une sorte de testament spirituel, déclinant ses pensées sur l'amour, l'amitié, la spiritualité et bien sûr, comme toujours, les inégalités sociales.

Un credo qu'il répétait encore lors des cérémonies religieuses qu'il célébrait ici ou là. A Noël 2002, les fidèles de La Chapelle-des-Fougeretz, près de Rennes, eurent ainsi la surprise et la joie de l'entendre prononcer la messe de minuit. Le message, lui, fut habituel : "Posez-vous toujours la question : et les autres ?"

Bio-express

1912 : naissance à Lyon
1931 : entrée chez les Capucins
1938 : ordination
1939 : mobilisation
1942 : résistant
1945 : député de Meurthe-et-Moselle (jusqu'en 1951)
1949 : fondation d'Emmaüs
1954 : appel de l'hiver 54
1981 : officier de la Légion d'honneur
1996 : affaire Garaudy, exclusion de la Licra
2005 : Grand Croix de la Légion d'honneur
2007 : décès à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris

  un peu d'histoire 

Henri Grouès, dit l’abbé Pierre, né le 5 août 1912 à Lyon, et mort le 22 janvier 2007 à Paris, était un prêtre catholique français, résistant puis député, fondateur en 1949 des Compagnons d'Emmaüs, une organisation caritative laïque destinée à aider les pauvres et les réfugiés et de la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés pour les Sans domicile fixe (SDF). Il était traditionnellement en tête durant de nombreuses années des sondages sur les classements des personnalités préférées des Français.

Rencontres et actions internationales


L’Abbé Pierre a rencontré au cours de sa vie les papes Pie XI, Pie XII, Jean XXIII et à plusieurs reprises Jean-Paul II.

Il a rencontré des membres éminents de la communauté scientifique et politique internationale notamment :

  • en 1944, le Général de Gaulle à Algers, après son arrestation par l’armée allemande et son évasion via l’Espagne.
  • le père Teilhard de Chardin et le philosophe Berdiaëff, chez lui en 1945, deux hommes que l’abbé Pierre tentera vainement de concilier et faire se comprendre.
  • Albert Einstein, en 1948 à l’Université de Princeton (États-Unis), pour discuter avec lui des « trois explosions ».
  • Habib Bourguiba, en 1956, pour le convaincre de parvenir à l'indépendance de la Tunisie sans violence.
  • Le Président américain Dwight David Eisenhower, en 1955 dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à qui il remet un exemplaire de son livre « Les chiffonniers d’Emmaüs. »
  • Le Roi du Maroc, Mohammed V, où il dépêche deux missionnaires pour trouver des solutions aux bidonvilles en favorisant le logement rural.
  • De nombreuses rencontres internationales en 1956, aux Pays-Bas, Portugal, Autriche, Inde, Suisse, Maroc. Il rencontre le Premier Ministre indien Nehru, avec Indira Gandhi, et le sage indien Vinoba Vabe pour soutenir sa marche agraire non violente.
  • En 1958-1959, conférences dans les pays scandinaves et d’Amérique du Sud. Le ministre de l’Éducation nationale du Pérou fait appel à lui pour développer l’éducation des populations pauvres. Le Père Camillo Tores en Colombie lui demande conseil sur la position de l’Église colombienne qui renie l’action des prêtres ouvriers. Il rencontre l’évèque des indiens en Équateur pour lui demander de freiner la construction de lieux de cultes somptueux dans des quartiers déshérités.
  • En 1959, au Liban, il crée à Beyrouth la première communauté d’Emmaüs multiconfessionnelle, fondée par un musulman sunnite, un archevêque chrétien melkite et un écricain maronite.
  • En 1962, il est reçu par le Père Charles de Foucault à Béni-Abbès.
  • En 1963, on le presse lors de sa convalescence en Argentine, de fédérer les communautés Emmaüs du monde dans Emmaüs International, qui se réunira en 1969 à Berne (Suisse), et en 1972 à Montréal (Québec, Canada).
  • En 1971, il est appelé en Inde par Jayaprakam Narayan pour représenter (avec la Ligue des Droits de l’Homme) la France dans la question du règlement des réfugiés. Indhira Gandhi l'invite à son tour pour traiter des réfugiés bengalis. L’Abbé Pierre s’engage en fondant des communautés Emmaüs au Bandladesh.
  • En 1988, il rencontre les représentants du Fonds monétaire international pour trouver une solution à la dette extérieure des pays du Tiers Monde.
  • En 1990, il voyage aux États-Unis et au Brésil pour accompagner la sortie du film biographique « Hivers 54 » retraçant une partie de son action et la création des communautés d’Emmaüs.
  • En 1991, il s'adresse directement aux Présidents Georges Bush et Saddham Hussein, lors de la Première guerre du Golfe. Il exhorte le gouvernement français à prendre des initiatives pour répartir la charge des réfugiés dans le monde, par un organisme disposant plus de moyens que le HCR actuel des Nations Unies avec le bon vouloir des nations. Il rencontre le Dalaï-Lama lors des journées interreligieuses pour la paix.
  • En 2001, le Président Chirac lui remet les insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur, avant de l’élever au titre de Grand’Croix, la plus haute distinction française.
  • En 2004, il se rend en Algérie pour l’inauguration de maisons reconstruites par la Fondation Abbé Pierre, après le tremblement de terre ayant frappé le pays l’année précédente.

Sa mort

L'abbé Pierre meurt le lundi 22 janvier 2007, tôt le matin (5 h 25 heure locale), à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d'une infection du poumon droit. Il était âgé de 94 ans.[2],[3]

Il affirmait : « J'ai passé ma vie à prier Dieu pour mourir jeune ». Et il ajoute : « Vous voyez c'est raté ! ».

Les réactions en France sont rapides.

Le jour de sa mort, le Président de la République française Jacques Chirac a salué la mémoire de l'abbé Pierre et a estimé qu'avec sa disparition « c'est la France entière qui est touchée au cœur ».

« Au mouvement Emmaüs et à la Fondation Abbé Pierre, à tous ses militants et bénévoles, le Président de la République fait part de sa grande peine et l'expression de toute sa solidarité ».

L'ensemble de la classe politique française reconnaît le travail réalisé par l'abbé Pierre, notamment Dominique De Villepin, Premier Ministre qui saluait « l'homme de cœur et d'engagement ». Dans un communiqué publié par Matignon, le Premier Ministre souligne que « l'abbé Pierre a été, toute sa vie durant, une force d'indignation capable de faire bouger les cœurs et les consciences » : « Défenseur du droit au logement, fondateur des communautés d'Emmaüs, il s'est consacré sans relâche à aider les plus pauvres à tracer leur chemin. L'abbé Pierre nous a montré la voie de la générosité individuelle et collective. Il manquera à tous les Français », conclut Dominique de Villepin.

De tous bords, les politiques ne tarissent d'éloges pour l'abbé Pierre. Ainsi, par exemple, Ségolène Royal — candidate socialiste à l'élection présidentielle française 2007, déclare-t-elle au micro de la radio RTL que « Le long cri de colère de l'abbé Pierre contre la pauvreté ne doit pas s'éteindre », tandis que Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la même élection déclarait, lui, dans un communiqué, que « avec la disparition de l'Abbé Pierre, le cœur de la France est en berne ».

L'ancien Président de la République Valéry Giscard d'Estaing demande à ce que soient célébrées « des obsèques nationales » en l'honneur de l'Abbé Pierre. La présidence de la République se prononcera ce jour pour savoir si un « hommage national » ou un « deuil national » (la plus haute distinction française) sera rendu.

Ses obsèques devraient se dérouler le vendredi 26 janvier 2007 en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, suivies d'une inhumation dans la plus stricte intimité dans le cimetière de la communauté d’Esteville en Seine-Maritime, selon une déclaration du président d'Emmaüs France.

Plusieurs personnalités politiques se prononcent déjà pour le transfert de sa tombe au Panthéon, en dépit de ce que voulait l’abbé dans son livre-testament et ses déclarations, conscient de son immense popularité et des responsabilités que lui imposait cette confiance, confiance qu’il portait à la fois « comme une arme », capable de soulever une population toute entière pour le soutenir, « et une croix » très lourde à porter et qui ne lui épargnerait rien.

Distinctions et Hommage


AVEC AGENCES ET 

Wikipédia

Publié dans Souvenirs- hommages

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A
UN PEU LONG L'ARTICLE MAIS INTERESSENT PAUVRE MONSIEUR ALLER 1 MINUTE DE SILENCE POUR L'ABBé PIERRE!!!!!!!
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